Plutôt que de parler d’industries du futur, les économistes distinguent les secteurs de hautes et de moyennes technologies et aux technologies banalisées. Par exemple, en France, les industries de haute technologie : aéronautique, une partie de télécoms, du transport, de l’électricité, de l’énergie avec le nucléaire représentent 10 % de l’ensemble industriel, à peu près comme aux USA, pour la biotechnologie, les technologies de l’information et de la communication, le diagnostic est moins favorable.
La vue traditionnelle d’industrie va changer profondément. Et la vraie question est de savoir si nous avons la capacité de nous adapter. Nous vivons aujourd’hui une révolution de nos modèles économiques. En citant que la division de General Electric (GE) fabrique des moteurs d’avions, elle s’engage non plus sur des produits physiques mais sur une prestation de services. La fourniture d’une certaine puissance pendant un certain nombre d’heures. Autre sujet d’inquiétude : quoi qu’on en dise, il y a au Maroc des capitaux prêts à investir, mais si l’argent est là, il n’y a pas le goût du risque.
Le vrai problème c’est que le Maroc n’est pas sous tension technologique mondiale. Les marocains et leurs gouvernants n’ont absolument pas compris que nous vivons une révolution.
Les acteurs institutionnels dont la vocation est de mettre les gens ensemble, de les rapprocher pour que se créent des synergies, le font maladroitement ou bureaucratiquement.
Notre appareil de financement est inadapté, les potentialités industrielles, technologiques et intellectuelles sont là. Manquent des bras de levier qu’il faut mettre en œuvre.
Il faut prendre le risque de promouvoir des entreprises ou des laboratoires qui ont passé des alliances internationales.
Pour gagner cette bataille, on se demande s’il ne faut pas aller plus loin, changer l’architecture de notre système, faire le ménage dans nos structures de recherche, d’enseignement supérieur, d’agences d’innovation, et nous retourner ensuite vers nos partenaires européens et américains, qui sont nos partenaires naturels.
On a besoin absolument d’un dispositif très axé sur la recherche fondamentale, alors que ceci est la « strate du milieu », celle de la recherche appliquée, irriguée par l’expérience du terrain et de l’expérience industrielle, qui est déterminante.
La recherche fondamentale est disponible, ouverte, on peut y accéder dans les publications, grâce à Internet, pas la recherche appliquée combinaison de connaissance et d’expérience industrielle.
A la base de toutes les réussites, il y a toujours des Hommes décidés à jouer la partie jusqu’au bout et des équipes prêtes à se remettre en question tous les matins. Tous pensent équipe, coopération, complémentarité. Ce qui nous fait dire qu’il faut remettre la dimension humaine au centre de nos systèmes éducatifs.
Pour dépasser cet individualisme, il faut en finir avec l’idée que la vie se joue en trois jours, avec des concours. Le système doit multiplier les passerelles. Réhabiliter certaines formations, indiquer clairement que d’autres sont des impasses. Il faut revaloriser les formations techniques : la vie ne se limite pas aux écoles de commerce, et notre capacité à nous intégrer dans la mondialisation passe par le savoir-faire technologique et la revalorisation des écoles et des universités technologiques.
Un regard du côté de l’Oncle Sam nous fournit encore une leçon d’humilité, en nous affirmant qu’un rêve n’est que l’antichambre de la réalité. Il suffit d’aller jusqu’au bout et d’agir maintenant pour que nous aussi, nous apportions les ingrédients nécessaires pour que "yes we can" ne soit pas qu'un jeu de mots importé, mais aussi notre cheval de bataille.
Par Mohamed RHAIHAT